jeudi 2 juillet 2009

Wilderness Farm, 20 jours au milieu de nulle part

Du 5 au 24 juin 2009
Après 8 mois de voyage à travers l’Australie, je voulais passer à autre chose, découvrir une autre partie de l’Australie, celle de l’Australie loin des villes. Je souhaitais vivre quelques choses de différents et partir à la découverte du territoire du Nord. Je n’ai pas été déçu du voyage, je crois que d’ailleurs j’espérais même pas un tel décalage.

Le territoire du nord connait une période sèche (de Avril à octobre) et une période humide (de Novembre à Mars). Il fait par contre chaud toute l’année : en moyenne 35°C !
Etant ici en hiver (de juin à août), je ne vais connaître que la période agréable, celle de la période sèche avec les températures les plus basses (mais tout de même 30°!) sauf les nuits qui peuvent être froides. Mais en tout cas, à ce jour (depuis 1 mois), je n’ai vu que du ciel bleu et pas un millimètre de pluie, c’est le total bonheur !!!

Après avoir pris un avion pour voler entre Brisbane et Darwin, je suis restée une journée dans la capitale du territoire du Nord, 70000 habitants. Cette ville est spéciale dans la mesure où elle a été dévastée par le cyclone Tracy, le réveillon de Noël 1974. Ce matin de Noël, Darwin a cessé d’exister en tant que ville à proprement parlé. Incroyable mais vrai, en 6 heures, le cyclone a tué 65 personnes et détruit 60% des bâtiments. Aucun de ces bâtiments n’avaient été conçus pour résister aux puissants vents de ce cyclone : Tracy a pris la ville par surprise. La ville a donc été complètement reconstruite, c’est donc une ville d’une quarantaine d’année. Il est également important d’ajouter que cette ville n’est vraiment pas chanceuse car avant Tracy, ce sont les bombardements japonais de la 2nde guerre mondiale qui l’avait dévastée.

Je suis donc restée une journée dans cette particulière ville qu’est Darwin à me balader et à profiter de son fameux coucher de soleil à Mindil Beach et de son superbe marché nocturne aux odeurs de jus de fruits de papayes et bananes fraîches.






Les variations de couleurs de ce superbe coucher de soleil

Puis, le lendemain, j’ai pris un bus pour aller jusqu’à Katherine, 300km au sud en direction du désert (et d’Alice Spring). Arrivée à Katherine, direction la Wilderness Farm, une ferme située à 60 km de cette petite ville de 8900 habitants (mais qui est tout de même la 3ème plus grande ville du Territoire du Nord!).
J’étais alors partie pour une nouvelle aventure de 20 jours sous le principe du wooffing. Très répandue en Australie et présent dans plusieurs pays dans le monde, le principe est d’échanger quelques heures de travail contre le logement et les repas. Mais c’est en fait beaucoup plus qu’un logement et des repas que j’ai reçus, c’est la possibilité de vivre quelques choses de complètement différent de ce que j’ai eu l’habitude, c’est l’opportunité de vivre une autre type de vie et de partager des moments avec les propriétaires de la ferme mais également avec toutes les autres personnes qui travaillent dans ce lieu : allemand, australien, irlandais, brésilienne, hollandais, français, américain, israélien, estonien… Nous étions entre 5 et 15 wooffers tout au long de ces 20 jours.
Cette ferme était très très rupestre comme il est dur de l’imaginer tant qu’on ne le vit pas : tout est à l’extérieur : cuisine, salle de bain, toilettes… Le matin quand il faut se réveiller et prendre don petit dej’ sous 5°C, le feu de camp est donc la bienvenue !!!




Le lieu de vie entouré de bananiers

La cuisine



Ma chambre était dans cette petite maison sur pilotis

Mais j’ai totalement adoré. C’est le retour aux choses simples : pas de réception téléphonique, internet une fois par semaine quand il veut bien fonctionner, un feu de camp tous les soirs, des occupations toutes simples comme cuisiner, marcher, se baigner, discuter, jouer aux cartes etc.…



Une soirée autour du feu avec guitares et Didjeridoo

Le travail consistait à aider Caroline et John, les propriétaires de cette ferme de 350 hectares. Les fruits et les légumes cultivés sont faits selon les principes de l’agriculture biologique (eh oui ! Un petit clin d’œil à mon ancien boulot et à mes collègues) et sont très variés : courgettes, potirons, melons, pastèques, mangues, bananes, squash (sorte de petites courgettes craquantes) etc.… J’ai donc enlevé les mauvaises herbes (Tout est bio et donc pas d’herbicide : un travail de longue haleine), planté, arrosé, nettoyé, cueilli les citrons et les courgettes, empaqueté les melons, pastèques et courgettes etc…


Dans le champ de courgettes en train d’enlever les mauvaises herbes


La plantation d’agrumes : pamplemousses et citrons

Cela m’a plu de faire ce genre de chose, d’être prêt de la terre, je suis certaine que ma famille (en particulier) doit être en train de sourire car elle doit avoir du mal à imaginer dans ce rôle là !! Et puis j’ai eu le plaisir de manger des melons et des pastèques à profusion et quelques bananes et papayes, malheureusement ce n’était pas encore la récolte des mangues…

Stela, une amie brésilienne que j’ai rencontrée à Melbourne, au début de notre périple (nous nous sommes rejoins pour quelques jours dans cette ferme) et une des bonnes papayes

La branche de bananes dans la cuisine prêtes à être dégustées

C’était donc un réel retour aux sources : entre le travail de la terre, les occupations mais également la façon de vivre. Cela apprend que l’on peut très bien vivre avec peu, que notre société est réellement une société de consommation qui nous créée des besoins.
La douche était donc à l’extérieur avec l’eau qui provient de la rivière juste à côté. Quel plaisir que de lever la tête est de voir les arbres et le ciel bleu.


La rupestre douche avec vue sur le ciel

Quant aux toilettes, ils sont à moitié ouverts sur l’extérieur et sont totalement sèches (ce sont juste des planches de bois pour faire l’assise et un morceau de taule pour être un peu caché, rien de très confortable mais l’avantage et que l’on peut faire son labeur tout en observant les wallabies :-) (C‘est du vécu!!!).
Les fameux toilettes avec vue sur le bush, depuis la cuisine

Tous les après-midi, j’allais me baigner dans la rivière qui longe la ferme, c’était vraiment agréable…

Petite cascade pour le massage du dos, bien agréable après le travail de la terre





Rivière au milieu d’une abondante végétation


Honey, la chienne (un mélange entre un labrador et un beagle) était notre fidèle compagnon

Et voici 3 petites anecdotes durant ce séjour :

- J’ai pu tester les grosses fourmis vertes et manger leur « derrière », originairement, ce sont les aborigènes qui les mangeaient et ma foi, ce n’est pas mauvais du tout : cela a un goût acidulé comme un citron vert…

- Un soir, John, le propriétaire, est parti chasser quelques wallabies car ils abiment toutes les plantations. Il est revenu avec un bébé wallabi dans les bras car il a tué sa mère. Lorsqu’il est allé près du corps il a vu que quelques choses bouger dans la poche, il a donc récupéré le petit orphelin, terrorisé par une telle expérience. Nous l’avons placé dans un sac pour reconstituer la poche de sa mère et, à tour de rôle, durant la soirée, nous l’avons porté prêt de nous afin qu’il est chaud et sentent les battements de notre cœur, en remplacement de ceux de sa mère. C’était donc une nouvelle bonne expérience. Le lendemain, des amis des propriétaires de la famille sont venus le chercher pour l’avoir en tant qu’animal domestique chez eux.


Mon nouveau rôle de Maman Wallabie


Et voilà la tête du petit bout de chou

- Un matin, nous avons du faire un peu de jardinage dans le jardin et nettoyer tout le bazard qu’il y avait, en soulevant les cartons, nous sommes tombés nez à nez avec des dizaines de « Cane toads », des énormes crapauds vénéneux. Nous avons dus les ramasser car ils font de gros dégâts sur la faune et la flore et peuvent même rendre un chien aveugle. Ils sont également réputés pour faire faire des hallucinations : il n’y a que les lécher…je vous rassure, je ne suis pas allé jusque là dans mon expérimentation de la nouveauté et de l’Australie !!!
- nous avons cuisiné le cochon sauvage (qui a été tué 3 jours auparavant) dans des feuilles de bananiers. Cela permet d’avoir plus de jus… Yummy !



Caroline, la propriétaire en train de rouler le porc dans les feuilles de bananiers fraîchement coupées

C’était pour moi une réelle expérience. Il est drôle de voir comment quelques éléments dans cette ferme ont pu me paraître bizarre à mon arrivée et puis comme finalement on y prend habitude et que tout devient normal. C’est vraiment drôle comment l’humain a une grande capacité d’adaptation.
Il est aussi intéressant de voir comment un groupe de personnes des 4 coins du monde et d’âge différent (de 19 à 60 ans) peuvent finalement vivre et travailler au même endroit. C’est encore plus intéressant de voir les anciens occupations de chacun dans leurs pays respectifs : une variété extrême : publicité, journaliste, étudiant en architecture, chanteur dans un groupe rock, agent immobilier, lycéen, vendeuse, armée… Et finalement, nous nous sommes tous retrouvés à enlever les mauvaises herbes dans le même champ et à manger autour de la même table.



L’équipe de woofers dans la cuisine pendant la pause matinale appelée « smoker »

Le retour « à la ville » a été sincèrement spécial. Après 20 jours dans une sorte de communauté où on se connait tous les uns et les autres et on voit les 15 mêmes personnes, me retrouver dans une ville était bizarre, surtout que cette ville est peuplée pour la majorité par des aborigènes. Ils errent dans la rue toute la journée, c’est incroyable mais à 14 heures, on peut assister à la queue devant le « Bottle Shop » (magasins spécialisés pour la vente d’alcool). Habituellement, ces magasins sont ouverts toute la journée mais à Katherine, seulement à partir de 14 heures et chaque personne achetant de l’alcool doit présenter sa carte d’identité, cette dernière est même scannée. Seulement 2 bouteilles par personne et par jour sont autorisées, le scan de la carte d’identité permet donc de vérifier cela. C’est totalement incroyable. Il faut également être patient pour acheter une bière car la queue peut être très longue !!!
L’autre point qui m’a marqué dans cette ville est le nombre important de patrouille de policiers dans la rue mais la chose la plus horrible c’est que derrière chaque voiture, il y a comme une cage, comme une cage de lion de cirque pour enfermer quelqu’un… c’est simplement atroce de voir cela !!
C’est une ville qui m’a donc marquée. Mais pour finir sur une note positive, je tiens à ajouter que cette ville a aussi des « Hot Springs », ce sont des piscines naturelles d’eau chaude à + de 30° au milieu des arbres, c’est tout simplement magique !!

Cette expérience m’a donc beaucoup plu et cette ferme avec les gens que j’ai rencontrés là-bas étaient réellement un lieu très attachant. Des bons souvenirs plein la tête !

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